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Les Îles-de-la-Madeleine Une aventure Québécoise

Introduction

Les Îles-de-la-Madeleine : un nom qui fait rêver ! Qu'on soit québécois ou d'ailleurs, cet archipel éveille l'imagination et suscite une curiosité rarement égalée. D'ailleurs, c'est ce qui nous a poussés à voyager dans ce coin de pays. Cette décision s'est imposée comme une évidence : ce serait notre premier voyage ensemble, malgré la distance et malgré l'inconnu. Sans trop savoir ce qui nous attendait, nous avons donc choisi nos dates, réservé nos campings et, voilà : nous étions prêts pour partir à l'aventure ! Cependant, nous étions loin de nous douter de la vastitude des lieux et de l'ampleur qu'elles auraient, éventuellement, sur nous.

Comprenant une douzaine d'îles, dont six sont majestueusement reliées entre elles par d'étroites dunes de sable, lorsqu'on voyage de l'une à l'autre, on est rapidement envahi par ces courbes que constituent les dunes et qui confèrent à notre présence une douceur. Il n'y a plus de ligne droite qui s'impose, mais plutôt des sillons qui donnent l'impression que le temps ralentit. Du nord au sud, on trouve l'Île de la Grande Entrée, la Grosse Île, l'Île de la Pointe aux Loups, l'Île du Havre aux Maisons, l'Île du Cap aux Meules et l'Île du Havre Aubert. Il y a aussi deux autres îles de superficie importante : l'Île d'Entrée, habitée et située à 10 km à l'est de Havre-Aubert et l'Île Brion, inhabitée et située à 16 km au nord de Grosse Île. Le village principal de chaque île porte le nom de l'île, donnant l'impression que chaque village principal constitue presque une île en soi.

Situées à une vingtaine d'heures de Montréal, le voyage vers ce coin du monde est une péripétie qui en vaut le déplacement. Lorsque nous avons pris la décision de faire ce voyage, nous avons pris en considération les deux possibilités qui s'offraient à nous : l'avion ou la voiture. En avion, nous aurions mis à peine quelques heures pour s'y rendre, mais le prix des billets était très élevé. Nous pensions aussi qu'il serait judicieux d'avoir un moyen de transport une fois arrivés sur place pour se déplacer librement d'un endroit à l'autre. De plus, nous avions l'intention de faire du camping pour profiter de la nature et avions besoin de place pour transporter notre équipement. Ainsi, nous avons opté pour la voiture, même si cela allait être plus long. En bonne compagnie et avec de la bonne musique de tous horizons, nous avons grandement apprécié la route ! Elle nous a permis d'apprécier de magnifiques paysages.

Même si nous voyagions vers une région du Québec, nous avons dû passer par deux autres provinces pour y accéder. En effet, le traversier reliant la terre ferme aux Iles se situe à la ville de Souris, à l'Île-du-Prince-Édouard. C'est à cet endroit que la distance entre la terre ferme et les Îles est la moins grande, ce qui en fait le meilleur lieu pour un traversier. Ainsi, traversant une partie du Québec en voiture, passant par le Nouveau-Brunswick (la province au sud-est du Québec) et l'Île-du-Prince-Édouard (où on accède par le plus long pont du Canada, le pont de la Confédération), c'est grâce au traversier qu'on s'en rendus à bon port.


Histoire

Nous avons été séduits par l'appellation donnée par les Premières Nations Mi'kmaq qui ont habité sur les Îles : elles nommaient poétiquement l'archipel « Menagoesenog », ce qui signifie « îles balayées par la vague ». Cette image rend bien l'impression qu'on a d'être au milieu de douces vagues (parfois assez violentes, il faut se le dire) qui peuvent à la fois nous caresser doucement ou nous balayer très fortement à toute heure du jour. Bien avant la venue des Européens, les Mi'kmaq parcouraient les Îles en quête de poissons, de phoques et de vaches marines et ont magnifiquement nommé les Îles d'après leur façon de se sentir balayés par les vagues.

Le 25 juin 1534, Jacques Cartier, dans son journal de bord, baptise à son tour les Îles « les Araynes », du latin arena, c'est-à-dire sable. Il faut dire que, du sable, il y en a, aux Iles ! C'est à peine croyable ! D'innombrables dunes relient les îles entre elles, comme si elles n'étaient, au fond, qu'une seule et même entité. À force d'être balayées par les vagues, on dirait que les courbes sableuses qui les constituent sont devenues son essence.

En 1629, Samuel de Champlain inscrit sur une carte « La Magdeleine » à l'endroit de l'île du Havre-Aubert. Toutefois, on dit aussi que le nom des Îles de la Madeleine n'aurait peut-être été attribué à l'archipel qu'en 1663 par François Doublet de Honfleur, à qui on avait concédé les Îles, en l'honneur de son épouse Madeleine Fontaine. Les Îles porteraient ainsi peut-être le nom d'une femme assez importante dans l'esprit d'un homme du 17e siècle pour qu'elle porte le nom d'un territoire. Est-ce que le nom de « Madeleine » est lié à une histoire d'amour ? Peut-être bien que oui, et c'est ce côté vague qui lui confère un beau mystère. Encore une fois, il n'y a aucune ligne droite aux Îles, que des courbes qui suggèrent une histoire, une direction.

On ne peut pas parler de l'histoire des Iles sans mentionner, si ce n'est que brièvement, l'histoire des Acadiens. C'est en 1755 que leur destin prend une tournure tragique. C'est le « Grand Dérangement » pendant lequel les Acadiens, refusant de prêter un serment d'allégeance inconditionnelle aux Anglais, sont déportés du territoire britannique ou alors emprisonnés. Quelques individus échappent à cette déportation et débarquent aux Îles-de-la-Madeleine sous la rude tutelle du marchand Richard Gridley. Ils chasseront le morse et exploiteront les pêcheries des Îles pour ce dernier.

En 1763, les Îles sont d'abord annexées à Terre-Neuve pour passer, en 1774 grâce à l'Acte de Québec, sous la juridiction du Québec. En 1789, suite à la Révolution française, d'autres familles acadiennes originaires de Saint-Pierre et Miquelon se joignent à eux sous la gouverne de l'abbé Jean-Baptiste Allain à qui l'on doit le premier registre conservé. C'est à ce moment-là que commence la véritable colonisation des Îles de la Madeleine.

En 1798, Isaac Coffin en obtient la concession et oblige les Madelinots à payer des rentes pour occuper les terres qu'ils ont défrichées et occupées depuis plus de 25 ans. Ces misères et injustices auxquelles sont alors soumis les Madelinots expliquent leur émigration vers de nouvelles terres. Ils vont ainsi fonder plusieurs villages de la Côte-Nord, dont Blanc-Sablon (1854), Havre-Saint-Pierre, Natashquan (1855) et Sept-Îles (1872). C'est en 1895 seulement qu'une loi du Québec permettra aux Madelinots de racheter leurs terres. Ils mettront dès lors leurs efforts à surmonter leurs difficultés et à viser l'autosuffisance.

Les Madelinots pêcheurs et navigateurs ont certes connu les joies de la vie maritime, mais ils en ont également connu les difficultés. Au-delà de 400 naufrages ont été rapportés aux Îles de la Madeleine. La plupart du temps, il s'agissait de bateaux étrangers qui naviguaient autour de l'archipel et que la tempête rejetait sur la côte. Il est arrivé à quelques reprises que les naufragés choisissent de refaire leur vie dans l'archipel.

Au fil du temps, l'amélioration des moyens de communication a largement atténué l'isolement des insulaires qui conservent une façon de vivre unique. En 2013, la population totalisait 12 721 habitants, dont 5 % environ sont des anglophones majoritairement d'origine écossaise.

Nous avons été surpris par les différents récits qui ont marqué l'histoire des Îles. En quelque sorte, c'est la diversité des expériences vécues qui font des Madelinots des gens fiers de leur lieu d'origine. Quand on parle avec un Madelinot, on a l'impression que le temps s'arrête, qu'un lien se crée et que la vie est bel et bien là, comme si l'Histoire avait permis aux Madelinots de prendre du temps pour être.

Île de Grande Entrée

Grande-Entrée, c'est la dernière des Îles à être habitée en permanence, sa colonisation remontant à 1870 environ. Depuis sa colonisation, elle est demeurée un poste de pêche important.

Désignée capitale québécoise du homard en 1994, Grande-Entrée accueille chaque année plus de la moitié des prises de homard des Îles-de-la-Madeleine. En 2021, l'Office des pêcheurs de homard des Îles estime que 5399 tonnes de homards (11 903 200 livres) ont été débarquées à quai. Imaginez la quantité de homards : c'est une quantité incroyable ! Pendant la pandémie, le prix du homard a augmenté, bien que le volume des prises ait été pratiquement le même que l'année précédente, ce qui a permis de faire de grands profits.

La route 199 (la route principale parcourant toutes les Iles reliées) s'arrête dans le port de Grande-Entrée, tout au nord des Îles. On appelle cet endroit la Pointe de la Grande-Entrée où on y trouve un très beau port de pêche côtière rempli de bateaux aux couleurs vives. D'ailleurs, à partir de ce point, il faut environ heure pour parcourir les 80 km pour se rendre à l'autre bout des îles à Havre-Aubert.

C'est à la Pointe que Myriam a joué quelques morceaux de piano, juste derrière le café de Mario Cyr, un des rares photographes sous-marins. Pour un instant, ce coin de l'île est devenu magique pour nous et conserve encore aujourd'hui une légèreté conférée par l'air du port, le plus au nord des Îles, et par la musique qui y a été jouée. Par ailleurs, d'immenses photos de Mario Cyr étaient juste à côté du piano, rendant le lieu envoûtant. Nous avons pu voir l'exposition de Mario Cyr Sous les glaces à Montréal à notre retour et avons pu mieux ressentir toute la grandeur du photographe étant né dans ce coin du pays.

Île boudreau

C'est à cet endroit qu'on a eu droit à un bon bain de boue ! Ce fut grandement régénérateur d'appliquer de l'argile directement prise sur le bord des falaises sur notre peau. On a aussi eu beaucoup de plaisir à le faire. À ce moment-ci de notre périple, vous devez nous croire sur parole : Florian a même découvert de l'argile d'un bleu clair, jamais observée par nos guides madelinots avant ce jour.

Île de Grosse Île

En parcourant les petits ports des îles, nous avons été appelés par un tout petit casse-croûte en bordure de mer, face aux bateaux amarrés au port. Avec son flair et son intuition, Florian a pressenti une poutine au homard au goût sublime et… il n'avait pas tort ! Ce fut sans doute la meilleure poutine au homard des Îles ! Mais quelle est la différence entre une poutine régulière et une poutine au homard, nous demanderez-vous ? Nous vous dirons : la sauce, en premier lieu, qui en est une blanche plutôt qu'une brune, et, bien sûr, le homard, touche bien spéciale d'une région portuaire.

Cependant, on n'a pas pu goûter à la guédille au homard (un pain à hot-dog garni de homard), car, après une longue attente parmi la foule bien abondante, la dame aux commandes a dû sortir de sa petite cabane pour nous dire qu'elle n'avait plus de pain. Dans le petit port de Grosse-Île, on peut dire qu'ils ont été pris de cours par le franc succès de leur petit étalage alors que le livreur n'a pas pu honorer à temps la commande des petits pains. Ce fut pour nous une belle leçon, celle de laisser passer ce qu'on ne pouvait pas contrôler et se laisser exister lentement, un peu comme les bateaux qui étaient accostés et qui tanguaient tout doucement sous l'effet des vagues. On peut encore revoir le petit port dans notre esprit et nous rappeler le calme qu'il nous a inspiré.

Poutine au homard

Île de la Pointe aux Loups

Cette île est nettement la plus petite des îles, avec une cinquantaine de maisons. Quand nous y sommes passés pour la première fois, nous avons été surpris de constater qu'une fois arrivés, nous en étions déjà sortis. Nous avons dû faire demi-tour pour prendre la petite rue menant au petit port. Ce lieu est comme un oasis au milieu des dunes de sable. Pour arriver au petit village, on circule le long de la route 199 bordée par de longues plages presque désertes. Pointe-aux-loups semble surgir de nulle part, au milieu des dunes de sable sur lesquelles s'échouent les vagues.

Île du Havre aux Maisons

L'Île du Havre-aux-maisons est au cœur des Îles et nous a marqués tant par ses magnifiques paysages que par les nombreux artisans culinaires qui ont titillé nos papilles gustatives. La miellerie, la fromagerie Pied-de-Vent et le fumoir d'Antan sont des lieux d'exception en terme de saveur. Ces lieux font d'ailleurs partie du circuit des saveurs aux Îles. Nous avons dégusté d'excellents fromages à la fromagerie sur une petite table avec vue sur mer, accompagnés d'un chien adopté par les propriétaires du lieu et qui faisait qu'on se sentait dans un endroit accueillant.

De nombreux plateaux s'inclinant doucement vers la mer et sur lesquels se trouvent des maisons typiquement madeliniennes aux couleurs vives donnent un aspect champêtre à l'île du Havre-aux-maisons. Nous y avons emprunté différents chemins sinueux et y avons vu des animaux de ferme (dont des vaches et des chevaux) qui se prélassaient tout simplement dans les champs colorés, l'air serein. La douceur de cette île se reflète dans ses petites rues qu'on suit un peu comme si c'était le vent qui nous portait. C'est d'ailleurs souvent par hasard qu'on découvrait certains endroits sur cette île, comme si tout était naturel et doux au centre des Îles.

Ce sont les plus belles maisons colorées des Îles. Quand on pense aux maisons colorées des Îles, on pense souvent à cet endroit précis. Par ailleurs, cette vue, c'est la vue de la pâtisserie Hélène des Îles devant laquelle on est passés plein de fois et où il y avait toujours une file d'attente hallucinante. Ce n'est que le dernier jour qu'on a franchi la porte en faisant la file sous la pluie. On n'a pas été déçus : c'est certainement où on fait la meilleure tarte aux pacanes et au chocolat à vie, selon Florian.

Phare du Cap-Alright

Le phare du cap Alright, c'est sans aucun doute le plus beau phare des îles. Nous y sommes restés fort longtemps à regarder le phare, fier, érigé sur une petite pointe et face au vent. Nous y avons regardé les nombreux oiseaux au bord de la falaise et les vagues qui s'échouaient sur celles-ci. C'est aussi à cet endroit que Myriam a reçu son premier petit cours de photo. Voici sa première prise :

Traversier

Pour aller à l'Île d'Entrée, nous devions réserver nos billets de traversier plusieurs jours à l'avance, si bien que la journée venue, nous avons eu droit à un épais brouillard et à un froid de canard pour notre heure de traversée. Le traversier est la seule connexion de l'Île d'Entrée avec l'archipel et est gratuit pour les Madelinots.

Ivan Quinn

Île d'Entrée

La majorité des gens de l'île est anglophone, d'origine anglaise ou écossaise. Une centaine de personnes y habite, bien que certains n'y vivent que l'été, et la pêche y est l'activité principale.

Nous avons par ailleurs rapidement compris que l'île était un lieu d'excellence pour la cueillette des petites fraises sauvages. Nous avons passé beaucoup de temps à en cueillir. La patience exemplaire de Florian à attendre Myriam la cueilleuse était notamment commandée par sa gourmandise pour ces succulentes petites baies. La cueillette s'est étalée tout le long de notre ascension de Big Hill, le point le plus haut de l'île. C'est en haut de la petite montagne que le brouillard s'est finalement dissipé et nous a permis d'avoir une vue époustouflante sur l'archipel au loin. Nous pouvions aussi nettement apercevoir les dunes du sud, tel un long filament à l'horizon qui semblait très proche de nous.

Time Doesn't Matter

Vue depuis la butte Big Hill

Île du Cap aux Meules

Nous avons raconté notre histoire par zone géographique, mais, chronologiquement, c'est ici que tout a commencé. C'est par là qu'on est arrivés de Souris en bateau à notre première journée aux Îles. Malgré l'aspect plus « urbain » de l'île, la nature n'est jamais bien loin. Composée de trois villages (Fatima, Cap-aux-Meules, L'Étang-du-Nord), elle possède la plus importante concentration d'habitants et regroupe la plupart des services de l'archipel. Le nom Cap-aux-Meules vient de la présence de pierres à meule dans le cap qui surplombe le port.

Nous avons séjourné, les premières nuits, au camping de Fatima, au nord de l'île. C'est là qu'un écureuil est venu grignoter dans nos assiettes...

C'était la plage à côté de notre premier camping. Heureusement, nous étions protégés par un petit sous-bois pour dormir (malheureusement infesté de maringouins), car il ventait énormément.

Plage de l'Hôpital

Phare du Borgot

Robert Langevin est un artiste de réputation internationale. Son monument aux pêcheurs (1990) rend bien compte de la conception artistique de l'auteur voulant qu'une œuvre d'art ne soit pas existante que pour occuper un espace, mais pour le marquer. La sculpture rend hommage à ceux qui vivent du dur métier de la pêche. Elle rend soudainement l'importance des pêcheurs essentielle et leur confère une force incroyable. On voit cette sculpture de loin, s'imposant dans l'espace et faisant nos yeux converger vers ce point comme par magie. Les hommes sont tous unis par le cordage et unissent leur force ensemble. En fait, il importe peu de voir le résultat de leurs actes. Ce qui importe, c'est le cœur qu'ils ont mis à la tâche en unisson, sans être attachés à ce qui peut en résulter. Pendant un bref moment, nous avons fait le vide autour de nous et en nous jusqu'à devenir ces marins portés comme par un même cœur, une unité. L'œuvre de Langevin marque réellement l'imaginaire en s'emparant de notre esprit sans même qu'on s'en rende réellement compte.

Monument aux pêcheurs à l'Etang du Nord

Cette sculpture d'une dame en bleu donne un bref aperçu d'un lieu particulièrement marquant de notre séjour, Le Flâneur. En effet, elle arbore le site d'une galerie d'art, faisant aussi office de café, d'atelier et de musée, peint en rose et qui semble être une vraie caverne d'Alibaba. On y trouve tout plein de peintures, de sculptures dignes d'un film de Tim Burton. On peut même visiter une petite exposition des personnes marquantes des Îles à travers plusieurs statues géantes et de récits détaillant les éléments marquants de leur vie. On voit aussi l'endroit d'une rare intensité où l'artiste, Pierrette Molaison, crée ses œuvres.

Le nom de l'endroit fait écho à des propos tenus par Charles Baudelaire dans Le peintre de la vie moderne où il a utilisé le mot flâneur pour caractériser l'artiste dont l'esprit est indépendant, passionné, impartial, « que la langue ne peut que maladroitement définir ». « Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini. Être hors de chez soi, et pourtant se sentir partout chez soi ; voir le monde, être au centre du monde et rester caché au monde. » Quand on pénètre dans le repère tranquille de l'artiste, on a justement l'impression que le temps s'arrête, qu'on est soudainement au centre du monde, mais en même temps caché du monde. On était si loin de chez nous et, pourtant, si proches. On y a dégusté un délicieux thé, dans une coupe qu'on a pu nous-mêmes choisir parmi la collection, avec un petit gâteau. Comme si on était chez nous à boire une boisson chaude et à jouer à un jeu. Tout était si simple et naturel dans ce lieu que nous en avons un souvenir marquant.

Galerie d'art / Café : Le Flâneur

À l'abri de la Tempête, c'est la microbrasserie des Îles. Quel lieu convivial, au bord de la mer et dans un lieu presque désert. C'est réellement un lieu où on peut s'abriter pour déguster une bonne bière et jaser dans un paysage enchanteur.

Microbrasserie : À l'abri de la Tempête

Aux îles, on n'a pas l'heure, mais on a le temps. — Proverbe madelinot

Île du Havre Aubert

Cette île, c'est le point d'arrivée de plusieurs Acadiens et le lieu de la première occupation permannente des îles. Nous avons d'ailleurs vu le drapeau acadien à plusieurs endroits sur cette île, la plus boisée de toutes.

Cette plage, c'est la dune de Sandy Hook, la première sur laquelle nous avons marché. Elle forme une immense pointe, jonchée de méduses, que nous avons parcourue de long en large. Quel sentiment de liberté que de fouler cette plage infinie ! On y a magnifiquement aperçu l'Île d'Entrée. C'est à cet endroit que nous avons vu plusieurs personnes faire la chasse à la coque, soit la cueillette de palourdes. Nous avons pu en repérer quelques unes : C'est assez impressionnant d'en trouver dans le sable à partir d'un petit point d'air sur la surface du sable.

Cet endroit était tout simplement époustouflant ! Nous avons marché sur un sentier escarpé et pouvions bien sentir l'air marin caresser notre peau. Nous avions une vue magnifique de la mer et semblions être si fragiles à côté des falaises si majestueuses.

L'attrait le plus important de Havre-Aubert est sans contredit le site historique de La Grave. Le mot « Grave » vient du mot « grève », se référant à un terrain caillouteux et sablonneux, exactement ce qu'on y retrouve. Cette petite plage de galets, qui fut un endroit de prédilection pour les pêcheries et le commerce, a gardé un cachet bien maritime. La Grave conserve aujourd'hui sa fonction originale : un lieu privilégié de rencontres et d'échanges. De nombreuses boutiques d'artisans, de commerces, de restaurants et de cafés font de ce lieu encore aujourd'hui un rendez-vous incontournable tant pour les visiteurs que pour les Madelinots. Nous avons dégusté un délicieux repas au Café de la Grave, notamment, et en avons beaucoup appris au Musée d'histoire. Par ailleurs, nous avons eu un bel échange avec le bédéiste Cyril Doisneau qui a quitté Montréal (après avoir quitté Nantes en France) pour s'établir dans ce coin de pays. Il avait un petit kiosque fort charmant pour vendre ses œuvres. La simplicité des lieux a rendu l'échange authentique et inspirant.

Pas très loin de là, nous avons pu déguster un fromage de brebis succulent! Nous sentions vraiment que les gens prenaient soin des bêtes et que le fromage était réellement fabriqué dans le but d'offrir le meilleur produit possible. Nous avons aussi découvert un beau verger, le verger Poméloi, où nous avons fait une excellente dégustation. Juste après, nous avons découvert l'artiste Julien Livernois qui a développé une technique en photo fort inspirante dans son exposition La mémoire et la mer. Il photographie les coques de bateaux marquées par le temps, les années et les péripéties pour en faire des tableaux racontant une histoire. Les photos se transforment en paysages, comme si c'était des peintures faites par un peintre, alors que ce sont des photos. C'est dire que la mer a des mémoires à offrir qui marquent toute personne venant à son contact, de près ou de loin.

Les îles nous ont décidément marqués et resteront comme un espace qui s'est ouvert en nous et qui a fait s'immiscer de la douceur, de la force, une langueur et un amour qui continuent de nous porter jour après jour.